La reproduction

 

Si nos grenouilles sont maintenues dans de bonnes conditions et qu’elles ont été nourries abondement, on a toutes les chances que lorsque les grenouilles atteignent leur maturité sexuelle on assiste aux prémices de la reproduction.

La reproduction des dendrobatidés est un phénomène particulier dans le monde des anoures et est très intéressant à observer.

En règle générale le male va chanter dans le but d’attirer une partenaire prête à l’accouplement. Une foi que les deux sexes prés à se reproduire se sont rencontrés une parade amoureuse s’engage entre les deux partenaires. Cette parade est à la foi sonore, visuelle et/ou physique. Chez les espèces du groupe tinctorius la femelle prête à pondre le signale au male par des « caresses » qu ‘elle lui prodigue avec ses pattes avant de façon répété. Chez d’autres espèces le male effectue une sorte de danse autour de sa belle tout en chantant (D. pumilio Epipedobates Phyllobates groupe quinquevittatus) de tel sorte à attirer sur lui l’attention de la femelle en ne rentrant cependant presque jamais en contact physique direct avec elle. La parade peut durer quelques heures où les deux amoureux se suivent continuellement à travers tout le terrarium. Puis le couple va rechercher l’endroit propice pour y déposer ses œufs. En terrarium le site de ponte peut être de différentes sortes. Pratiquement tous les dendrobatidés pondent sur un support sec. Seul Dendrobates ventrimaculatus et autres espèces proches (D. amazonicus…) pondent dans une faible hauteur d’eau. Pour les grandes espèces l’abris de ponte idéal est une demi noix de coco évidé posée sur une boite de Petri, dans laquelle on y aura formé une petite entrée. Pour les espèces de plus petite taille c’est la boite de pellicule photo qui servira comme lieu de ponte. On en mettra plusieurs sur différents niveaux pour que le couple puisse choisir l’emplacement qui lui convient le mieux. Pour les Dendrobates ventrimaculatus et espèces similaires on veillera à toujours conserver un fond d’eau dans ces boites de pellicule légèrement inclinées. Occasionnellement chez certaines espèces et de façon presque permanente chez d’autres les pontes se feront directement dans le décor du terrarium. Dendrobates pumilio et Epipedobates tricolor ont toujours chez moi pondu sur des feuilles du terrarium et jamais dans les sites de pontes que j’avais aménagé. Cependant cela ne veut en aucun cas dire que les pontes seront mauvaises. Chez Dendrobates imitator et Dendrobates lamasi la ponte se fait sur une surface verticale et bien souvent directement sur les parois en verre du terrarium. Chez les dendrobatidés le nombre d’œufs par ponte n’est jamais très important, entre 2 et 13 œufs en moyenne chez les Dendrobates et jusqu’à30 40 chez les Phyllobates et Epipedobates. Dans la nature le male va alors veiller sur sa ponte en la nettoyant régulièrement et en la protégeant, les œufs se développant mal ou non fécondés seront éliminés par les parents. Puis lorsque les têtards, après 10 à 15 jours d’incubation, sortent de leur œuf, ils grimpent sur le dos du parent à proximité (le male dans la plupart des cas) qui va les emmener dans l’eau libre où ils se développeront. Chez les espèces du genre Dendrobates les têtards étant facilement cannibales ils sont déposés dans des réservoirs d’eau isolés de leur frères et sœurs. Chez les Phyllobates et les Epipedobates les têtards ne sont pas cannibales et toute la ponte est déposée dans le même point d’eau.

En captivité la gestion des œufs puis celle des têtards, se fait généralement à l’extérieur du terrarium. Une foi qu’il y a eu ponte et que le male à bien fertilisé les oeufs de sa semence (cela se déroule habituellement juste après que la femelle les ait déposés, mais parfois il est bon d’attendre quelque temps et de ne les prendre que le lendemain pour ne pas prendre de risque), on récupère la ponte avec la boite de petri, le tube de pellicule photo ou la feuille sur laquelle elle se trouve (si elles est sur un support inamovible comme la vitre du terrarium ou autres on peut se servir d’une petite cuillère pour délicatement la décoller et la placer dans un autre récipient ) pour la mettre à incuber. On l’arrosera régulièrement un petit peu pour éviter qu’elle se dessèche, cependant on veillera à ne pas les faire tremper dans trop d’eau à part si cela est normal (D. ventrimaculatus). Lorsque les têtards seront prés à sortir (bien visible dans l’œuf ) on rajoutera un petit fond d’eau et ils finiront par sortir d’eux même. Comme dans la nature on placera les têtards de Dendrobates dans des petits pots individuelles et ceux de Phyllobates ou d’Epipedobates seront élevés en groupe dans un petit bassin.

On peut si l’on le désire tenter de laisser faire la nature. Si cela est peu pratique pour les espèces de Dendrobates dont le nombre d’œufs est important (têtards isolés), c’est tout à fait envisageable pour les Phyllobates et les Epipedobates. Le male s’occupera de tout et l’éleveur récupérera l’ensemble des tétards dans le petit bassin de baignade du terrarium.

Pour les têtards ils y a toute une palette de nourritures adéquates à savoir des paillettes et granulés pour poissons, larves de moustiques, vers de vase rouges, micro crustacés aquatiques, insectes écrasés, spiruline, etc. . Ils sont donnés en petite quantité mais de façon régulière. Lorsque l’eau est souillée, elle est changée partiellement ou complètement avec de l’eau du robinet laissée reposer 24h pour faire évaporer le chlore. De la mise à l’eau à la métamorphose complète en petite grenouille il s’écoule environ 2.5-3 mois pour les espèces du groupe tinctorius, prés de 3 mois pour les espèces du groupe quinquevittatus, environ 2 mois pour Dendrobates pumilio et entre 1.5 et 2 mois pour les Epipedobates et les Phyllobates .

Cas particulier du groupe histrionicus : Le groupe histrionicus se compose de Dendrobates histrionicus Dendrobates lehmanni Dendrobates occulator Dendrobates pumilio et Dendrobates speciosus. Ces 5 espèces ont une particularité quand à l’élevage des têtards, en effet ils ne se nourrissent que des œufs non fécondés et uniquement cela, que la mère vient leur pondre régulièrement. Toute autre nourriture est quasiment toujours voué à l’échec. Pour ces espèces on laissera alors se faire tout le cycle de vie du têtard au bon soin de ses parents. Ce n’est que lorsqu’ils auront réalisé le passage à la vie aérienne qu’ils pourront être sortis du bac.

A la sortie de l’eau les jeunes grenouilles sont placées dans des petits terrariums dans des conditions similaires à celles de leurs parents. Au bout de quelques jours ils chasseront avidement leur premières proies. Ils seront nourris avec une nourriture de très petite taille comme les collemboles, les petites drosophiles ou des grillons nouveaux nés. La nourriture sera en permanence saupoudrés de calcium plus complément vitaminés.

Les dendrobatidés et surtout certaines espèces peuvent avoir un comportement de reproduction très tôt (chant voir même ponte) vers 5 6 mois chez les petites espèces et vers 8 mois chez les grosses. Cependant cela ne veut pas dire qu’elles feront des petits en bonne santé dans l’immédiat. Il faudra encore attendre plusieurs mois avant de pouvoir espérer les  premiers têtards viable. Les premières pontes d’un jeune couple sont toujours sans avenir et les œufs ne se développent pas ou  pourrissent très vite.

De plus même chez un couple reproducteur bien mûr ils n’y aura que rarement 100% des œufs pondus qui donneront une grenouille. Parfois une partie d’entre eux ne se développe pas, le têtard meurt ou la métamorphose donne un jeune mal formé (le phénomène le plus courant est celui des pattes d’allumettes où les pattes antérieurs semblent atrophiés et totalement rigide, dans ce cas le jeune est irrécupérable et meurt rapidement), cependant  tout cela est normal et il ne faut pas s’inquiété si quand même une partie de jeunes grenouilles sortent en bon état.

Dans tout les cas la patience est le meilleur allié de l’eleveur. Si tout les paramètres sont bon il n’y a pas de raison que au final on réussisse à avoir nos premiers bébés viable mais cela peut prendre du temps et c’est normal.

 

 

 

 

 

Photo.Benoit Vilette

 

 

Photo.Benoit Vilette

 

 

Photo.Benoit Vilette

 

 

Photo.Benoit Vilette